Autisme et Axe Microbiote-Intestins-Cerveau

01/04/2022 | Le bien-être en pratique

À l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’Autisme, il semble important de rappeler que si les Troubles du Spectre Autistique ont leur place dans les préoccupations de santé publique, c’est qu’ils touchent actuellement 1% de la population mondiale. 

Depuis plusieurs années, la recherche sur le sujet de l’autisme a démontré son origine génétique, mais on voit émerger depuis quelques années des liens avec le système digestif et plus particulièrement le microbiote.
C’est donc tout naturellement que Parinat, choisit aujourd’hui de montrer son soutien et de contribuer à son échelle en consacrant cet article aux interactions entre l’axe intestin/cerveau, le microbiote et l’autisme.

L’Axe Microbiote-Intestins-Cerveau

La relation « Cerveau-intestins » est aujourd’hui admise et le terme « Second cerveau » pour désigner les intestins est bien connu du grand-public.

Il s’agit d’une interaction qui s’inscrit dans un contexte évolutionnaire. Le cerveau et les intestins sont en effet les deux principaux organes de survie, et leur lien était déjà vital pour les premiers hommes : le cerveau permet de mémoriser les endroits où se trouve la nourriture ; la satiété est sous contrôle du cerveau et permet la gestion quotidienne de la prise d’aliments ; et bien sûr, nous savons tous le rôle du cerveau dans les mécanismes de défense (agressivité ou fuite/peur) qui mettent en jeu des neuromédiateurs communs au cerveau et aux intestins. Qui n’a jamais eu la peur au ventre ?

Cette relation doit être comprise comme une communication bidirectionnelle entre le cerveau et les intestins, dans laquelle le microbiote joue le rôle majeur, via la libération continue de métabolites actifs, comme les post-biotiques et les psycho-biotiques. Ces métabolites sont des modulateurs des voies de communication cerveau-intestins : voie métabolique, voie immunitaire, voie endocrine et voie nerveuse.

Au vu des connaissances actuelles, le terme « Axe Microbiote-Intestins-Cerveau » semble mieux adapté.

Lien entre microbiote, intestins et austime

Dans ce contexte, il était logique de supposer l’implication du microbiote dans les troubles neuro développementaux, notamment dans le cas de l’autisme. Certaines observations et expérimentations récentes confirment cette hypothèse :

  • La majorité des enfants autistes montrent des déséquilibres du microbiote ou dysbioses.
  • Le transfert de microbiotes issus d’enfants autistes à des souris stériles (sans flore intestinale) induit les symptômes de la maladie à ces souris.
  • la transplantation du microbiote fécal est une opportunité. 

Un essai réalisé aux USA et publié en 2019, a étudié le transfert de microbiotes d’enfants normotypiques à des enfants autistes (18 cas). Après 2 ans, les auteurs rapportent une forte réduction des symptômes de l’autisme. En début d’étude, 13 enfants présentaient des troubles sévères, et seulement 3 enfants en fin d’étude. De plus, 8 enfants étaient complètement sortis du spectre.

Sur ce dernier point des transplantations du microbiote fécal, il convient de rester prudents, certains risques ont été mis en évidence, comme des infections et des transferts de bactéries hautement résistantes aux antibiotiques. Se pose également la question de la sélection des donneurs, ou celle de l’acceptabilité par les receveurs.

Facteurs environnementaux et épigénétique

Au-delà de ces considérations relatives au microbiote, comme pour toutes les pathologies neuro-développementales, il existe une base génétique dans l’autisme. Il est donc essentiel de prendre en compte l’influence des facteurs environnementaux sur le déclenchement ou l’aggravation de cette pathologie. 

Polluants, toxiques, aliments industriels, pollution, pathogènes, médicaments…, tous ces « agresseurs extérieurs » sont susceptibles de modifier l’expression de certains gènes, en les activant ou en les inhibant, selon le principe de l’épigénétique. Les modifications concernent l’ensemble du génome humain, c’est-à-dire nos propres gènes (ceux de nos cellules), mais aussi les gènes de notre microbiote, l’ensemble étant regroupé sous le terme de « métagénome humain ». Dans ce métagénome, notre patrimoine propre s’élève à 23.000 gènes…, et les gènes bactériens de notre microbiote à plus de 3 millions. Ceci met en évidence que le microbiote est très sensible aux variations épigénétiques et constitue une cible de choix pour les perturbateurs environnementaux.

 L’impact négatif est évident dans l’autisme. Ceci est encore plus marqué chez l’enfant dont le microbiote est souvent plus fragile.

Santé de l'intestin

Il convient de ne pas oublier les intestins eux-mêmes, en tant qu'organes. Dans l’autisme, on observe très généralement une altération des muqueuses digestives, appelée « hyper-perméabilité intestinale » (le terme anglais leaky-gut est souvent utilisé). Cette hyper-perméabilité intestinale correspond à un défaut d’intégrité des muqueuses, lesquelles vont laisser passer des composés qui sont normalement bloqués : protéines mal digérées, allergènes, toxiques, agents microbiologiques… Ce passage anormal provoque une inflammation qui aggrave l’hyper-perméabilité intestinale, instaurant un cercle vicieux délétère. Et évidemment, ces composés qui entrent dans l’organisme sont aptes à provoquer des désordres importants, notamment au niveau neurologique.

On observe donc un lien défavorable entre l’exposition à des facteurs environnementaux et l’autisme, par l’intermédiaire d’un déséquilibre du microbiote et d’une hyper-perméabilité des muqueuses digestives.

-

Reste à établir si la dysbiose est un agent causal dans l’autisme, un co-facteur ou une résultante. Le débat existe, mais peu importe. Dans la pratique quotidienne, une approche holistique et individualisée apparaît indispensable. Cette démarche globale devra s’intéresser à la fonction cognitive, mais elle devra prévenir tout déséquilibre du microbiote et viser à garantir l’étanchéité normale de la muqueuse intestinale.

Microbiote et autisme : quelques références pour aller plus loin

Parinat vous présente quelques références pour aller plus loin :

  • Autism Spectrum Disorders and the Gut Microbiota, A. Fattorusso et al., Nutrients. 2019 Feb 28;11(3):521.
  • The role of microbiota in autism spectrum disorders, D. Campion et al., Gastroenterol Dietol. 2018 Dec;64(4):333-350.
  • Microbiota Transfer Therapy alters gut ecosystem and improves gastrointestinal and autism symptoms: an open-label study, Kang DW, Microbiome. 2017 Jan 23;5(1):10
  • Composition of Gut Microbiota in Children with Autism Spectrum Disorder: A Systematic Review and Meta-Analysis, Iglesias-Vázquez L, Nutrients. 2020 Mar 17;12(3):792.
  • Targeting gut microbiome: A novel and potential therapy for autism, Yang Y, Life Sci. 2018 Feb 1;194:111-119.
  • Long-term benefit of Microbiota Transfer Therapy on autism symptoms and gut microbiota, Dae-Wook Kang, Scientific Reports 09 April 2019.
  • Autism Spectrum Disorder as a Brain-Gut-Microbiome Axis Disorder, Virginia Saurman, Dig Dis Sci. 2020 Mar;65(3):818-828.