3 nouveaux concepts d’alimentation pour protéger ma santé

12/02/2018 | Le bien-être en pratique

Dans le domaine de la nutrition, les connaissances fondamentales progressent et reposent actuellement sur de nouveaux concepts qui modifient profondément notre façon de comprendre l’impact de la nutrition sur notre santé.

L’alimentation santé : une nouvelle manière d’appréhender nos besoins

Au-delà de l’ancienne conception de satisfaction des besoins nutritionnels, on évoque aujourd’hui un rôle fonctionnel de l’alimentation. Un grand nombre de fonctions physiologiques et biologiques sont sous l’influence de notre modèle alimentaire. En ce sens, ce sont nos habitudes alimentaires qui participent au maintien d’un état de bonne santé et également à la correction de nombreux troubles.

Parmi les éléments nouveaux qui révolutionnent la vision de l’alimentation et de la nutrition, nous citerons principalement la notion de déficit marginal, le rôle de l’écosystème intestinal et la régulation des états inflammatoires de bas grade par les acides gras essentiels.

Le concept de déficit marginal en micro nutriments

Historiquement, un manque de micro nutriments, vitamines ou minéraux était significatif lorsqu’apparaissaient des signes cliniques de carence. Mais récemment, de nouveaux rôles des micronutriments essentiels ont été découverts.

Le cas de la Vitamine D

C’est le cas par exemple de la vitamine D pour laquelle les effets extra osseux sont mieux connus. Qu’il s’agisse de son action dans la sphère cardio-vasculaire, immunitaire ou neuropsychiatrique, la vitamine D apparaît de plus en plus clairement comme une vitamine aux fonctions ubiquitaires. Élément important pour la pratique médicale, ces nouveaux rôles apparaissent pour des statuts biologiques souvent différents de ceux qui ont été classiquement retenus pour leurs effets osseux.

Des consensus d’experts ont ainsi redéfini des valeurs normales mais également des valeurs optimales pour les apports nutritionnels en vitamine D selon les tranches d’âge mais surtout des valeurs cibles optimales du statut biologique.

L’évaluation du statut biologique en vitamine D peut donc se justifier pour une personne qui souffre du cœur ou ayant un risque cardio-vasculaire élevé. L’évaluation du statut biologique en vitamine D peut faire partie du bilan des facteurs de risque impliqués dans les pathologies immunitaires et même certains cancers hormonaux dépendants. De récentes études lui accordent également une place privilégiée dans le vieillissement réussi notamment par son rôle déterminant sur la fonction musculaire et le cerveau.

Un statut biologique optimal permet de prévenir ou de corriger une sarcopénie (fonte des muscles) chez le senior. De même, des études montrent un lien entre le déclin cognitif précoce (diminution des capacités du cerveau, pertes de mémoires…) et un déficit en vitamine D.

Ainsi, l’optimisation de ses apports nutritionnels par voie alimentaire ou par des compléments alimentaires font partie des nouvelles stratégies nutritionnelles en médecine générale.

Le cas du zinc

L’exemple du zinc est également éloquent. Longtemps considéré comme un oligo-élément rarement déficitaire, sauf en cas de malabsorption intestinale massive, le zinc est aujourd’hui considéré comme l’un des oligo-éléments essentiels majeurs intervenant dans de nombreuses fonctions clés et dont le déficit marginal est plus fréquent qu’on ne le supposait initialement.

Un déficit en zinc est un exemple associé à de nombreux troubles psychiatriques courant qu’il s’agisse du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité chez l’enfant ou encore la dépression majeure chez l’adulte. La correction d’un déficit en zinc est également associée à l’amélioration clinique de ces affections.

Le cas de l'Acide Folique

Citons enfin le cas de l’acide folique, la vitamine B9, qui fut principalement utilisée dans la prévention des malformations du tube neural en pré conceptionnel.

Si cette indication reste parfaitement validée, d’autres champs d’application des apports complémentaires en folates sont importants en médecine quotidienne. Les folates, par leur participation à la méthylation (une fonction clé de la santé des cellules), interviennent dans la bonne fonctionnalité des neurotransmetteurs cérébraux.

La résistance aux antidépresseurs de type inhibiteur de la recapture de la sérotonine (SSRI) est fréquente. Les mécanismes de résistance à ce type de traitement ne sont pas encore très clairement identifiés. Cependant, il a été clairement montré dans de nombreuses études que les patients résistants aux SSRI présentaient des taux de folates plus bas que les patients répondeurs. De plus, la correction du déficit en folate chez ce type de patient résistant permet de lever cette résistance et d’optimiser l’efficacité du traitement antidépresseur.

Ainsi, la connaissance du statut biologique en folates, l’évaluation des apports nutritionnels ou l’apport complémentaire en folates via une alimentation plus équilibrée ou une complémentation vitaminique trouve une place pertinente et justifiée dans le champ de la psychiatrie courante.

Nouveau regard sur l’écosystème intestinal

Les connaissances fondamentales sur l’écosystème intestinal ne cessent d’évoluer. Constituée de 3 éléments interdépendants, le microbiote, l’épithélium et le système immunitaire sous-muqueux, cet écosystème est au cœur de la régulation de nombreuses fonctions physiologiques.

Améliorer l'écosystème intestinal via l'alimentation - Conseils Parinat

Le bon fonctionnement de cet écosystème, l’équilibre de la flore et la perméabilité physiologique de l’épithélium sont des éléments essentiels à l’État de bonne santé. Or, de nombreuses situations fréquentes contribuent à un déséquilibre de cet écosystème. Un déséquilibre nutritionnel par manque d’apport en végétaux et en fibres, un excès de consommation d’acides gras saturés ou d’acides gras trans industriel ainsi qu’une alimentation à index glycémique trop élevé (trop de sucres « simples ou rapides, trop de « sucreries ») suffisent à induire une perturbation du microbiote. Des stress répétés, l’excès d’alcool, des infections microbiennes intestinales ou certains toxiques peuvent également induire une hyper perméabilité intestinale pathologique nommée « Leaky Gut syndrom ».

L’association d’une dysbiose à une hyper perméabilité favorise le passage d’antigènes bactériens (notamment l’un d’entre eux qui se nomme le LPS pour « lipopolysaccharide », un fragment de la membrane de ces bactéries). Nous savons aujourd’hui que ces bactéries (dont le LPS) lorsqu’elles sont en excès, des « manques » de certaines bactéries « protectrices » ou des déséquilibres entre les différentes familles qui colonisent notre microbiote sont associés à une augmentation du risque de diabète, de syndrome métabolique et de surpoids. D’autres études montrent un lien avec des troubles neuropsychiatriques.

Conséquence pratiques pour notre santé

Le modèle alimentaire actuel se compose trop souvent d’un manque de fibres, de végétaux et d’un apport de gras saturés associé à une alimentation à index glycémique élevé. Ce profil favorise les déséquilibres de l’écosystème intestinal.

Maladies métaboliques, diabète, surpoids, troubles cardio-vasculaires et troubles neuropsychiatriques : la prévention de ces pathologies passe par un modèle alimentaire plus riche en fibres, en végétaux et un rééquilibrage des acides gras essentiels.

La prescription de compléments alimentaires ou d’aliments enrichis en fibres prébiotiques a montré dans de nombreuses études convergentes un impact positif sur cet écosystème soit en prévention primaire ou en utilisation thérapeutique pour un rééquilibrage de la flore et des déséquilibres complexes de l’écosystème.

L’utilisation de nutriments ou de micronutriments favorables au microbiote en bonne santé (souvent appelés les microbiotiques) est également une voie prometteuse. L’intérêt des microbiotiques ou de certaines bactéries, actifs ou probiotiques a déjà été démontré dans le rééquilibrage des troubles de l’écosystème intestinal.

Les états inflammatoires de bas grade et les acides gras essentiels

Lien entre santé et alimentation - Conseils Parinat

La découverte des liens entre notre assiette et les mécanismes d’inflammation de bas grade permet de mieux comprendre l’impact de notre alimentation sur des maladies chroniques notamment cardio-vasculaires, diabète, surpoids et obésité, fibromyalgie, troubles neuropsychiatriques chronique…

Un élément essentiel à préciser : la régulation des processus d’inflammation et la résolution d’inflammation de bas grade passe par un équilibre nutritionnel très précis en acides gras essentiels polyinsaturés. Ces acides gras particuliers sont à l’origine de la fabrication de molécules très utiles ayant des rôles anti-inflammatoires ; on les nomme les résolvines et les cytokines.

Les résolvines et cytokines sont des clés de la terminaison et de la résolution de l’inflammation. Elles sont en effet synthétisées dans notre organisme à partir de précurseur : acides gras polyinsaturés de la série oméga 3 (EPA et DHA essentiellement). Or, l’alimentation moderne nous apporte un excès d’acides gras polyinsaturés de la série oméga 6 qui sont des précurseurs de cytokines et prostaglandines pro-inflammatoires alors qu’elle est déficitaire en apport d’acides gras oméga 3 précurseur des molécules anti-inflammatoires.

Depuis 2010, les nouvelles recommandations nutritionnelles ont profondément modifié les conseils nutritionnels. L’ensemble de la littérature scientifique confirme en effet l’importance d’une augmentation des apports en acides gras insaturés de la série oméga 3, la réduction de l’excès d’apport des acides gras polyinsaturés de la série oméga 6 et surtout la recherche d’un ratio oméga 6/oméga 3 inférieur à 4. Pour de nombreux patients en Belgique le ratio oméga 6/oméga 3 est très souvent supérieur à 10 voire parfois 20.Les recommandations nutritionnelles pour la prévention et la prise en charge des pathologies métaboliques, du diabète, du surpoids, des maladies cardio-vasculaires, des troubles neuropsychiatriques, des troubles neurodégénératifs nous invitent à un regard très attentif sur l’équilibre des apports lipidiques en valorisant les apports d’acides gras oméga 3 qu’il s’agisse d’apport alimentaire ou de complémentation si nécessaire.